Maturité numérique : l’entreprise Aurecon opère sa mutation

Aurecon atteint sa maturité numérique en AECO : en favorisant durabilité et innovation grâce à l’IA, elle améliore les compétences numériques de l’entreprise.

Un homme assis montre du doigt un ordinateur près d’une fenêtre.

Shawn Radcliffe

22 avril 2025

min de lecture
  • Aurecon, bureau d’ingénierie-conseil international, a entamé sa transition numérique il y a sept ans, adoptant des pratiques qui l’ont propulsé vers sa maturité numérique dans le secteur AECO.

  • Avec une stratégie numérique qui comprend le développement de logiciels, l’automatisation, la conception computationnelle et l’IA générative, l’entreprise a entamé une mutation visant à améliorer les compétences numériques dans toute l’entreprise.

  • Aujourd’hui, 100 % des employés d’Aurecon maîtrisent le domaine numérique, grâce aux KPI de toute l’entreprise axés sur les compétences et normes numériques.

  • Aurecon a mis en place un cadre de maturité numérique ciblant des spécialisations clés qui stimulent la valeur client, lui permettant de  se tourner vers des investissements technologiques débloquant de nouveaux modèles économiques et de nouvelles façons de travailler.

  • Cette mutation numérique a également créé des opportunités commerciales en adéquation avec les objectifs de développement durable d’Aurecon axés sur le changement climatique et la transition énergétique.

Il y a sept ans, Aurecon, bureau d’ingénierie-conseil international, débutait sa mutation numérique. Aujourd’hui, la firme est prête à passer à l’étape suivante : intégrer l’intelligence artificielle (IA) générative à ses processus d’automatisation de la conception.

L’entreprise a d’ores et déjà amélioré ses capacités pour des projets de grande envergure en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Asie, grâce à un éventail de stratégies numériques comme le développement de logiciels, l’automatisation et la conception computationnelle. Au palmarès de ses projets, on compte la centrale photovoltaïque Dau Tieng 1 et 2, la plus grande du genre en Asie du Sud-Est, et le centre Boola Katitjin de l’université Murdoch, le premier bâtiment réalisé à partir d’une ossature en bois d’ingénierie massif en Australie-Occidentale.

Au cours de l’année dernière, la transformation numérique a atteint un tournant pour les entreprises du monde entier. Dans le rapport d’Autodesk Réalités de Design & Make, une enquête mondiale des leaders d’entreprise du secteur de la conception et de la fabrication, on apprend que 64 % des dirigeants affirment que leur entreprise a atteint la maturité numérique. Il s’agit d’un changement radical par rapport à l’année précédente, où seuls 38 % d’entre eux estimaient que leur entreprise y était parvenue.

Ces entreprises constatent les retombées positives de leurs efforts de numérisation et poursuivent leurs investissements afin de ne pas se laisser distancer par la concurrence. Dans le secteur de l’architecture, de l’ingénierie, de la construction et de l’exploitation (AECO), cela peut signifier que les entreprises ont investi dans les technologies de maquette numérique (BIM), la livraison numérique de projet, ou des services et plateformes cloud comme Autodesk Construction Cloud.

Une photographie du centre Boola Katitjin révèle une façade élaborée en bois massif.
Aurecon a réalisé l'ingénierie civile et structurelle, la modélisation piétonne, les audits de circulation et l'ingénierie robotique pour ce bâtiment de l'Australie-Occidentale, le centre Boola Katitjin sur le campus de l'Université Murdoch à Perth. Crédit : Aurecon.

Les avantages que tirent les entreprises de la maturité numérique sont importants. Le rapport Réalités de Design & Make a découvert que celles qui investissent dans la transformation numérique sont plus compétitives dans leur secteur, leurs employés sont plus productifs et leurs performances sont globalement meilleures que celles qui investissent moins dans le numérique.

Fixer les normes de la maturité numérique

Dave Mackenzie, directeur du service numérique d’Aurecon, est à la tête de l’équipe qui prend en main la stratégie numérique de l’entreprise. Les responsabilités de l’équipe incluent le développement de logiciels, l’automatisation, la conception générative, et, plus récemment, l’IA générative.

Pour accompagner cette transformation, « nous avons mis en place des indicateurs de performance clé (KPI) systémiques dans toute l’entreprise afin de faire le suivi de nos activités, explique Dave Mackenzie. Il s’agit des compétences et normes numériques que nous avons mises en œuvre et de l’adoption de plateformes numériques. Nous avons posé la condition que 100 % de nos employés devaient être pourvus de compétences numériques. Au départ, 50 % d’entre eux répondaient à l’appel. Nous sommes maintenant passés à 100 % de l’équipe, direction comprise. »

Pour récolter les fruits de la transformation numérique, il est essentiel de renforcer les compétencesnumériques des employés, notamment dans le secteur très concurrentiel de l’AECO. Selon les participants à l’enquête Réalités de Design & Make, les compétences en IA, en conception numérique et en gestion numérique de projets seront très demandées à mesure que les entreprises AECO tenteront d'acquérir un avantage concurrentiel  grâce aux technologies émergentes.

Un homme assis à un bureau, avec en superposition d’images représentant les technologies numériques.
Renforcer les compétences numériques des employés est une étape essentielle pour tirer profit de la transformation numérique.

Afin de tirer avantage de toutes ces compétences, il est essentiel de les améliorer en continu. « Quand on a vu où on en était et où il nous fallait aller, cela a motivé la poursuite de la transformation, et je dirais même que ça l’a accélérée », ajoute Dave Mackenzie.

Ce qui a débuté sous la forme d’objectifs autour des compétences numériques dans toute l’entreprise s’est transformé en suivi de la maturité numérique dans tous les bureaux.

« Nous avons mis en place un cadre de maturité numérique composé de six ou sept spécialisations clés que nous avons identifiées comme importantes pour nos activités, renchérit-il. Chaque partie du cadre est associée à une valeur client. » Et ce pari a été gagnant. « Dans certains domaines précis, nous avons arrêté de simplement parler du numérique afin d’opérer la mutation, précise Dave Mackenzie. Maintenant que nous sommes parvenus au sommet de ce cadre de maturité numérique, ces manières de travailler sont devenues complètement intégrées et normales dans nos activités. »

Comment les outils numériques peuvent produire des résultats

Aurecon mise sur une approche systémique, en s’assurant que l’entreprise a des données connectées et une manière commune de travailler avec ces données, d’en parler et de les gérer. « La valeur se trouve dans les informations que contiennent les données : nos clients nous payent pour produire cela. Nous créons des éléments livrables sous forme d’information, que ce soit une conception, un rapport ou autre. »

La prochaine étape consiste à mettre en œuvre les dernières technologies pour créer de nouveaux modèles économiques et de nouvelles façons de travailler. Les responsables commerciaux d’Aurecon s’appuient sur des rapports de statut basés sur le cadre de maturité pour prendre des décisions d’investissement technologique qui peuvent ouvrir des portes, par exemple en introduisant l’automatisation avancée à la fois en interne et comme solution pour le client.  « C'est ainsi que nous obtenons une bonne adhésion de l'entreprise pour accélérer le changement », explique M. Mackenzie. 

Au cours de l’année dernière, Aurecon a défini ses objectifs, plus précisément, dans le cadre de la révision de sa stratégie d’entreprise dont la périodicité est pluriannuelle. Dave Mackenzie explique que cette fois-ci, la stratégie est beaucoup plus ciblée et qu’ils ont pris une poignée dedécisions concrètes sur le processus de livraison, dont une concernant l’efficacité et le cycle de vie du développement et une autre sur l’automatisation. Il s’avère que l’entreprise a pris une décision stratégique concernant l’IA générative et la manière d’introduire cette technologie dans l’automatisation de la conception.

Au fur et à mesure que l’entreprise évolue vers sa maturité numérique, c’est« la confluence des technologies » comme le nomme Dave Mackenzie « Mais surtout, c’est une confluence des compétences numériques qui fonctionnent de concert. Si nous y parvenons et que nous possédons une solution systémique autour de la maturité numérique, nous devrions franchir un cap et devenir une entreprise concurrentielle sur le plan numérique. »

L’accélération de la maturité numérique avec l’IA

Composé d’images illustrant les nombreuses facettes de l’IA, superposées à un ordinateur portable.
Aurecon investit massivement dans l’IA, en incorporant l’apprentissage automatique et de grands modèles de langage pour accroître le potentiel des employés dans les processus de conception.

Selon le rapport Réalités de Design & Make 2024, un grand nombre d’entreprises sont en train de franchir le pas de l’adoption de l’IA. 68 % des dirigeants affirment que l’IA valorisera leur entreprise et 66 % estiment que d’ici deux à trois ans, elle sera « indispensable à tous les niveaux ».

En prenant une décision stratégique il y a six ans, d’établir une collaboration avec l’apprentissage automatique, Aurecon est en tête de course. L’IA est particulièrement utile aux bureaux d’ingénierie parce que cette discipline regorge d’informations. « Vous avez des rapports différents, des trous de forage différents sur des graphiques, et j’en passe, et toutes ces informations doivent être rassemblées pour pouvoir prendre une décision de conception, explique Dave Mackenzie. Nous utilisons l’IA pour aider nos employés et amplifier leurs capacités à prendre des décisions dans des délais très courts. »

L’entreprise souhaite aussi amener l’IA générative dans ses processus de conception avec les grands modèles de langage comme base. « Il s’agit de raccourcir le cycle d’itération. Nous pouvons passer d’un cycle d’une semaine entière à un cycle d’une journée voire de quelques minutes. C’est une transformation radicale, cette fameuse disruption numérique qui pourrait bien tous nous affecter. » détaille Dave Mackenzie.

Le bilan d’Aurecon en développement durable

La transformation numérique d’Aurecon va également dans le sens de son engagement vis-à-vis du développement durable qui inclut sa participation au Pacte mondial de l’ONU. Parmi ses objectifs environnementaux figurent la neutralité carbone dans ses opérations d’ici 2025, d’électrifier son parc automobile, de minimiser les déplacements en avion, d'avoir recours à des dispositifs de financement avec des prêts verts et d’investir dans des projets écologiques.

« Nous sommes bien placés sur le marché pour aider nos clients à atteindre la neutralité carbone et réaliser la transition énergétique et climatique, affirme Dave Mackenzie. Plutôt que d’être des suiveurs, nous choisissons d’être des leaders, dans la prise d’initiatives comme sur nos objectifs que nous cadrons à la perfection afin de toujours viser dans le mille. »

Il poursuit en disant que le réchauffement climatique va tous nous affecter. « Notre motivation pour le développement durable va de pair avec notre objectif : concrétiser des idées, laisser un héritage et améliorer les collectivités dans lesquelles nous vivons. Et pour nous, c’est devenu un atout économique avec une valeur commerciale. »

Les défis de la maturité numérique

Image de Dave Mackenzie d’Aurecon portant une veste écossaise
Dave Mackenzie dirige l’équipe à la tête de la stratégie numérique d’Aurecon.

Au fil de sa transformation numérique, le plus grand défi que rencontre Aurecon est, selon Dave Mackenzie, de tenir la cadence face au changement : « En règle générale, nous sommes plutôt bons, mais au bout de sept ans, je constate une certaine lassitude vis-à-vis des changements dans l’entreprise. »

Son équipe qui pilote la stratégie numérique d'Aurecon s’efforce de garantir que l’entreprise fait preuve de suffisamment d’agilité pour intégrer les changements : décider de quand prendre les devants et dominer le marché, quand le suivre, et comment gérer le timing et les risques inhérents à l’adoption de nouvelles idées.

Le recrutement de très bons éléments est aussi une difficulté de la transformation numérique. « Nous débordons de projets techniques à mener à bien et nous n’avons pas assez d’ingénieurs, surtout ceux dotés d’une réelle expertise dans le domaine, reprend le directeur du service numérique. Comment doit-on augmenter nos équipes et former nos éléments pour qu’ils deviennent des ingénieurs hors pair ? »

Il est essentiel de se tourner vers les plus jeunes générations. « Nous arrivons à un moment charnière où les problèmes que les bureaux d’ingénierie essaient de résoudre concernant le changement climatique et la transition énergétique correspondent parfaitement aux préoccupations des jeunes. Il nous faut absolument exploiter ce lien : si vous avez envie de vraiment vous attaquer à de gros problèmes, venez nous voir et devenez ingénieur ! »

Comment Aurecon intensifie la transformation numérique

D’après l’enquête Réalités de Design & Make 2024, les dirigeants d’entreprise sont bien plus optimistes concernant la résilience et les performances de leur entreprise.

Aurecon partage cet optimisme. « Nous avons eu une année très chargée, avec de bons résultats, ajoute Dave Mackenzie. Cela fait de nombreuses années que nous avons enclenché notre transformation en parlant de restructurer nos données. Ces douze derniers mois, nous avons eu beaucoup de réponses aux questions "pourquoi" de notre démarche. Cela a dynamisé nos activités : c’est un véritable catalyseur qui entraîne une cascade d’autres changements.

Nous avons aussi constaté une amélioration rapide de la maturité numérique de nos clients sur différents marchés. Il nous faut a minima répondre aux besoins du marché et, dans l’idéal, être 20 % en avance sur le marché. C’est notre sésame vis-à-vis des clients. Parvenir à ce pourcentage est la clé pour pouvoir intensifier la transformation. »

Cette année, l’entreprise a réalisé tous ses indicateurs de performance. « Nous avons eu le sentiment d’avoir effectué une quantité énorme de changements, et maintenant il nous faut poursuivre avec une attitude d’amélioration continue » conclut Dave Mackenzie. 

Shawn Radcliffe

À propos de Shawn Radcliffe

Shawn Radcliffe est journaliste indépendant et professeur de yoga basé en Ontario, au Canada. Il est spécialisé dans la rédaction d'articles sur la santé, la médecine, la science, l'architecture, l'ingénierie et la construction, ainsi que sur le yoga et la méditation. Contactez-le sur ShawnRadcliffe.com.

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