La luthière Rachel Rosenkrantz met les nouvelles technologies au service de son art

Cet épisode de “ Dans ma tête de concepteur ” vous plonge dans l’intimité du processus de conception et de fabrication de la luthière et formatrice Rachel Rosenkrantz.

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11 juin 2019

 

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Rachel Rosenkrantz, Maîtresse Luthière : La conception exige à chaque étape de penser à ce qui se passe après. Comme aux échecs, c’est la capacité d‘avoir cinq coups d’avance.

Fabriquer des instruments, c’est un vrai rêve d’enfant. À Paris, alors en école de design, je passais devant l’Atelier Dupont, juste pour admirer l’association du design, de l’art et de la musique. C’est ma passion, cette activité regroupe tout ce que j’aime.

J’essaie de prendre des risques. Sinon, je ne fais que confirmer ce que je sais déjà. Quel ennui ! Si ça ne fait pas peur, c’est que ça ne vaut pas le coup. Enseigner me ramène à ce que j’avais appris en école de design. Les questions des élèves me poussent à me remettre en question. En enseignant, je me ressource complètement.

Que ce soit un crayon ou une souris d’ordinateur, c’est pareil. Je commence toujours par une esquisse à la main. Utiliser la maquette 3D me permet de vérifier et de revérifier. On dit : calculer deux fois, ne couper qu’une fois. Avec les logiciels 3D, on est au-delà de cela. On peut imprimer en 3D des moulages autrement impossibles à réaliser.

La table d’harmonie, qu’est-ce qui se cache à l’intérieur ? C’est comme les poutres d’un toit, sans elles, tout s’effondre.

Cette partie invisible est vitale, à la structure et la qualité du son. Ainsi vous modelez vraiment le son. Voir le bois, si rigide, prendre de belles formes rondes est magique.

Il peut y avoir plusieurs solutions à un même problème. On peut arriver au même résultat par différents moyens. À l’école et dans le design, c’était par l‘innovation. Mais quand je fabrique, classique et moderne coexistent. Je ne réinvente pas la roue, j’innove dans le respect du passé. J’ai beaucoup à apprendre de ceux qui m’ont précédée.

Je n’aime pas dire qu’il y a des règles dans le design. Il y a des principes à connaître, mais on peut s‘en départir. C’est agir en connaissance de cause. Voir le client se saisir de l’objet, cela vaut tout l’or du monde.

Dans mon précédent emploi, jamais on ne m’a donné l‘accolade. Quand je livre une guitare, j’en reçois toujours, j’adore !

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