À l’heure actuelle, les ingénieurs créatifs sont obligés de concevoir la géométrie de leurs projets sur les plateformes de CAO pour en évaluer la viabilité. À l’avenir, ils pourront passer plus de temps à en déterminer les exigences et à les analyser, de façon à ce que les ordinateurs puissent générer de nouvelles options géométriques qui les aideront à travailler plus vite. De ce fait, le champ des hypothèses va s’élargir, ce qui créera de nouveaux défis et de nouvelles possibilités.
SpaceX en est un exemple : cette année, après cinq tentatives échouées, le projet a réussi à faire atterrir deux fusées sur un bateau. Et si, au début du processus, les ingénieurs avaient entré les paramètres du projet dans un outil de conception générative ? Peut-on imaginer des capteurs de fusées – enregistrant le stress du train d’atterrissage, les défaillances hydrauliques ou d’autres dysfonctionnements – qui pourraient instantanément renvoyer toutes les données au logiciel de conception générative ? L’ordinateur pourrait ensuite générer des options améliorées et moins chères auxquelles l’ingénieur n’avait pas pensé, ce qui l’aiderait à identifier la meilleure solution plus facilement. L’identification des exigences ne se fera plus selon des phases ponctuelles dans le temps, mais suivant une interaction dynamique continue dans la boucle conception-fabrication-utilisation.
De même, les ingénieurs structure et les ingénieurs fluides vont pouvoir résoudre des questions complexes à l’aide de la conception générative et de l’automatisation de la préfabrication dans l’industrie de la construction modulaire (PDF). La convergence fabrication-construction signifie que davantage d’éléments et de systèmes (tels que les blocs d’arrivée des réseaux fluides, les gaines et les murs-rideaux) seront préfabriqués dans des usines hors site, ce qui libérera les ingénieurs, qui pourront ainsi porter leur attention sur d’autres problèmes plus compliqués.
Même si tout cela semble être une bonne nouvelle pour les métiers du génie, la polémiquedes répercussions de l’automatisation sur les ouvriers des usines et du bâtiment ne cesse d’enfler. La main-d’œuvre va devoir s’adapter, que ce soit par le biais de formation à des tâches plus sophistiquées ou en se tournant vers des industries montantes (telles que le secteur de la santé, l’éducation, ou les énergies propres). Il est indéniable que demain, les robots se chargeront des tâches répétitives, dangereuses et impossibles, et remplaceront des emplois humains, mais l’avènement de l’automatisation et de la robotique est globalement porteur de bonnes nouvelles.
Aux États-Unis, le secteur secondaire représentait autrefois un gros pourcentage de l’emploi, mais ce chiffre a baissé et continue son déclin inexorable. Toutefois, les chiffres montrent que les délocalisations et la perte des emplois manufacturiers ont atteint le creux de la courbe. Sur un graphe, le delta entre le creux de la courbe et l’amorce de sa reprise correspond au segment où des personnes dirigent des usines automatisées et où de nouvelles entreprises commencent à répondre aux besoins de la production personnalisée.