Les dessinateurs s’inspirent souvent des photos resplendissantes de bâtiments flambants neufs qu’ils trouvent sur internet. Au lieu de cela, ils feraient mieux d’aller se promener dans les bois. « Le monde est rempli de merveilles, explique Eric Corey Freed. Si, en tant qu’architectes, nous y prêtions attention, nous y trouverions une source d’inspiration tangible, concrète et infinie, nullement simple ou ingénue. »
Pensez aux formes. Il existe une multitude de manières d’incorporer des formes naturelles dans un bâtiment : en façonnant des colonnes comme des arbres, par exemple, ou en ajoutant des motifs botaniques aux tissus et revêtements muraux.
La biophilie, soit l’amour inné de l’humain pour la nature, est une sérieuse raison de sauter le pas. Un élément que l’agence d’architecture et de design Gensler a mis au centre de sa stratégie pour élaborer le siège social d’Etsy à Brooklyn, aux États-Unis. D’une surface de plus de 18 500 m2, l’espace a été conçu dans l’objectif de promouvoir la productivité, la santé et le bien-être des employés. L’équipe a plongé l’espace dans la verdure, commandé des œuvres d’art sur le thème botanique et limité le nombre de murs et d’angles droits afin de rappeler l’irrégularité de la nature.
L’une des manières simples d’amener la nature dans un projet, explique Eric Corey Freed, est d’étudier minutieusement les propriétés uniques de chaque site : le terrain environnant, le parcours du soleil, le climat, et la faune et la flore. Certains de ces éléments peuvent être mis en avant dans l’architecture.
« Lorsque nous réfléchissons à l’implantation d’un bâtiment, je me promène souvent sur le site et je ramasse des échantillons de feuilles, de cailloux, de fleurs et de motifs environnants, raconte-t-il. Nous les classons, les scannons et ajustons leurs couleurs, puis nous les conservons comme références. »
Cette stratégie fait écho à celle de la nature, précise-t-il. Les organismes évoluent en réponse à leur environnement, et l’architecture doit faire de même. « C’est ce que Frank Lloyd Wright décrivait comme architecture organique, ajoute-t-il. C’est le processus créatif qui se refuse à “imposer des formes préconçues, mais qui exige de nous imprégner du lieu, et de construire à partir de ce qui s’y trouve.” Ainsi, comment s’inspirer de la nature en général, et d’un lieu en particulier, pour créer des formes auxquelles nous n’aurions sinon pas pensé ? »