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Plume Labs envoie des patrouilles de pigeons pour mesurer la pollution de l’air

La présence des pigeons n’a rien de nouveau dans les quartiers et les rues de Londres, mais en règle générale, les Londoniens ne les ont jamais vraiment portés dans leur cœur.

Par le passé, ces derniers ont tenté avec véhémence de bannir ces « rats ailés », pointant leur malpropreté et leur risque pour la santé des habitants. Un ancien maire a même interdit au public de nourrir les oiseaux sur Trafalgar Square, passage obligatoire des touristes, dans l’espoir qu’ils fuient vers des terres plus propices. Mais tous leurs efforts furent vains et les oiseaux restèrent.

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Avec l’aimable autorisation de Plume Labs.

À présent, les pigeons bénéficient d’une trêve. Ils aident les habitants de la capitale à comprendre et à lutter contre un des plus grands risques sanitaires qui les menacent : la pollution de l’air. Chaque année, presque 9 500 Londoniens meurent prématurément, en raison de la mauvaise qualité de l’air. À l’échelle du pays, des milliers de personnes sont victimes de ce fléau.

En mars, l’entreprise Plume Labs a lâché une volée de 10 pigeons pour mesurer la qualité de l’air de la ville, « car il n’y a qu’à Londres qu’on puisse proposer, sans rire, un lâcher de pigeons voyageurs censés nous informer de la pollution qu’on respire » explique Romain Lacombe, fondateur et directeur général de Plume Labs, membre de l’Entrepreneur Impact Program d’Autodesk. Le projet, appelé Pigeon Air Patrol, s’est déroulé sur trois jours.

La mission collective des oiseaux était de survoler la ville et ses quartiers en portant les capteurs ou « sacs à dos », aptes à enregistrer les taux de pollution de l’air. Les Londoniens n’ont plus qu’à tweeter @PigeonAir afin d’accéder à un compte-rendu sur la pollution par quartier ou par code postal. Les taux mesurés sont ceux du dioxyde d’azote, de l’ozone et des composés volatils dans la zone citée au moment de la demande sur Twitter.

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Des minis sacs à dos munis de capteurs. Avec l’aimable autorisation de Plume Labs.

Plume Labs a collaboré étroitement avec un colombophile et un vétérinaire aviaire afin de garantir que les oiseaux pouvaient voler en tout confort avec les capteurs sur le dos. Romain Lacombe, dont les équipes ont conçu le sac à dos grâce au logiciel Fusion 360 d’Autodesk, remarque que pour atteindre ce confort de vol, il a fallu dépouiller au maximum les capteurs pour les rendre, sans jeu de mots bien sûr, « poids plume ».

Cependant, ces alliés du ciel, sélectionnés pour affronter la pollution de l’air, ne l’ont pas été parmi les pigeons que l’on trouve dans les rues. Plume Labs a utilisé des pigeons de course, pouvant faire des pointes entre 100 et 130 km/heure. Ces pigeons remarquables vivent jusqu’à 20 ans, alors que les pigeons des rues ne vivent en moyenne que quatre ans.

Afin de rendre le projet plus facile à suivre pour le public, l’équipe a créé des personnages pour sa brigade, avec Coco, Norbert et Julius.

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Avec l’aimable autorisation de DigitasLBi.

L’idée de se servir de pigeons pour enregistrer et mesurer la pollution de l’air revient à Pierre Duquesnoy, qui a remporté un prix en 2015 au London Design Festival pour cette idée. Il s’est adressé à Romain Lacombe et à Plume Labs afin de faire équipe pour la production et le lancement de la Pigeon Air Patrol. « Des milliers et des milliers de Londoniens ont rejoint la patrouille et tweeté sur notre compte Pigeon Patrol afin de suivre les niveaux de pollution de leurs quartiers », indique Romain Lacombe. Si la lecture de l’information en temps réel a captivé plus de 25 000 Londoniens, qui ont tweeté pour obtenir les mesures de qualité de l’air, le véritable objectif des oiseaux était toutefois d’attirer l’attention sur la question de la pollution en général.

Romain Lacombe, qui se définit lui-même comme « ingénieur et spécialiste en statistique des données de formation, et environnementaliste par vocation », a étudié les maths appliquées en France et les politiques technologiques et commerciales du charbon au MIT (Institut de technologie du Massachusetts). Après ses études au MIT, il a regagné la France, où il a participé à la mise en place de politiques gouvernementales destinées à rendre les données publiques plus facilement accessibles aux start-ups.

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Avec l’aimable autorisation de Plume Labs

Il raconte qu’« après plusieurs années au gouvernement, un sentiment de frustration est né du fossé qui sépare les efforts destinés à plus de transparence et l’insuffisance des données collectées : Pourquoi, alors que je m’entraînais pour le marathon de Paris, ne pouvais-je obtenir de données claires sur la qualité de l’air, et, surtout, comment venir à bout de la pollution ? »

Le manque de clarté et l’impossibilité pour lui de se faire une meilleure idée des conditions de son environnement ont conduit Romain Lacombe à démissionner de son poste au Ministère et à s’engager dans la lutte contre le réchauffement climatique de façon plus concrète : en créant Plume Labs.

« Grâce à nos dispositifs connectés et à notre application sensible, nous travaillons à un monde exempt de pollution dans l’air, en mettant à la disposition des citadins des outils qui mesurent leur exposition à la pollution et leur proposent des solutions pour l’éviter », explique-t-il. Plume Labs est convaincu que plus nous collecterons de données, plus les collectivités du monde entier seront informées et capables de prendre les décisions qui s’imposent dans la lutte contre le changement climatique.

La Pigeon Air Patrol est la seconde phase de l’œuvre de sensibilisation à la pollution de l’air initiée par Plume Labs. La première était la création de l’application Plume Air Report, permettant aux usagers d’accéder à la lecture de données sur la qualité de l’air dans leur ville. L’appli n’a pas encore répertorié toutes les villes du monde, mais plus de 300 agglomérations sont présentes, dont Paris, Berlin, Rome, Berlin, Madrid, Bruxelles, etc.

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Avec l’aimable autorisation de Plume Labs

En grande partie grâce à l’opération Pigeon Air Patrol, Plume Labs a recruté plus de 100 volontaires à Londres pour effectuer la deuxième phase du projet de l’entreprise. Pendant plusieurs semaines, débutant cet été, ces nouvelles recrues porteront un prototype de son capteur de pollution de l’air.

Cette expérience, en partenariat avec l’Imperial College de Londres, permettra à la société de suivre, de surveiller et de comprendre comment l’évaluation collaborative de la pollution peut aider à comprendre de quoi se compose l’air qu’on respire, les répercussions sur notre santé et comment réduire les risques sanitaires liés à la pollution.

« Nous avons travaillé avec les produits Autodesk pour concevoir et imprimer en 3D les prototypes de capteurs portables, légers et simples, que nos volontaires à Londres vont porter pendant plusieurs semaines dans le cadre d’un test grandeur nature visant à déterminer comment mieux mesurer la qualité de l’air dans les grandes villes, ajoute Romain Lacombe. Cela nous aidera à rendre accessibles à un plus grand nombre les technologies fantastiques que nous avons mises au point. Nous pensons que cette transparence généralisée va révolutionner notre relation à l’environnement et à son impact sur notre santé : nos villes seront enfin respirables. »

À propos de l'auteur

Installée à Birmingham, Alabama, Kimberly consacre ses écrits aux tendances et aux modes de vie. Quand elle ne réorganise pas le contenu de sa bibliothèque par couleur, elle aime tester de nouveaux gadgets de cuisine ou faire goûter à ses amis ses nouvelles expériences culinaires.

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