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L‘avenir de l’enseignement déterminera la réussite des collaborateurs de demain

Illustration d'une femme passant partrois phases d'education

Dans le paysage actuel en évolution rapide, où les technologies sont prégnantes, posons-nous la question : quel est l’impact de nos diplômes et éducation scolaire sur notre quotidien professionnel ?

C’est de cette question qu’émerge l’évidence de la nécessité d’un changement fondamental. Celui qui concerne la façon dont le monde universitaire et l’industrie fonctionnent (et doivent coopérer) pour assurer l’avenir de l’enseignement. Dans un monde mu par l’omniprésence de l’information, le modèle d’enseignement traditionnel semble quelque peu dépassé. Pour répondre aux exigences d’une nouvelle ère, l’apprentissage tout au long de la vie doit être au centre du plan de carrière de tout professionnel. Car l’enseignement n’est plus une question de spécialisation ; il s’agit d’acquérir les compétences nécessaires pour suivre le rythme des progrès rapides de la technologie et des opportunités qu’elle offre dans tous les secteurs.

Ne pas décrocher face aux changements constants

L’époque des métiers fixés dans le marbre, et des compétences hermétiques et cloisonnées, est révolue. Les collaborateurs d’aujourd’hui, des codeurs aux ouvriers des nouvelles usines, doivent se concentrer sur l’apprentissage et la requalification tout au long de leur vie, en trouvant des moyens de s’adapter à l’évolution des flux de connaissances professionnelles.

Portrait illustré de Randy Swearer
L’auteur et vice-président d’Autodesk chargé du futur de l’apprentissage, Randy Swearer. Illustration de Micke Tong.

Même si les emplois de l’ère numérique ont changé du tout au tout, le système de formation traditionnel reste lié aux méthodes héritées des chaînes de montage. Aujourd’hui, les travailleurs issus de ce système se retrouvent, des années voire des décennies après le début de leur carrière, en manque de nouvelles compétences et formations.

Ce besoin s’est accru en raison du COVID-19, alors que la pandémie a bouleversé le mode de fonctionnement de la plupart des entreprises. L’importance des plates-formes numériques, de la collaboration sur le cloud, et des systèmes automatisés (ainsi que la capacité des personnes à travailler efficacement au sein de ces systèmes) n’a jamais été aussi déterminante pour la réussite des entreprises. Heureusement, ces plates-formes numériques représentent également des « opportunity marketplaces » (marchés d’opportunités, c’est à dire des circuits de développement des compétences réalisables à son propre rythme, bénéfiques pour l’employé et pour l’entreprise.

La souplesse, maître mot de l’avenir

L’apprentissage se doit d’être une obligation fondamentale pour tous, mais le système éducatif n’est pas équipé pour relever ce défi. Il est vrai qu’on apprend toujours mieux sur le lieu de travail que dans une salle de classe, surtout pour ce qui est des compétences nécessaires à un meilleur travail d’équipe et à une meilleure collaboration. Et les formateurs hors école, importants pour promouvoir l’innovation, peuvent apporter leur aide. Toutefois, ils ne parviendront pas à relever le véritable défi éducatif tant qu’ils ne feront pas partie d’un système d’enseignement plus large et structuré.

De nombreux enseignants ont déjà appelé à un système plus souple basé sur des compétences spécifiques, et non sur des diplômes de quatre ans et des cursus en sciences humaines. Souvent appelée « microcertification » ou « badges », cette approche permet aux étudiants et aux collaborateurs en transition d’acquérir des compétences de conception et de fabrication, telles que l’impression 3D, la conception centrée sur l’humain, ou la programmation CNC, toutes nécessaires face au rythme des évolutions technologiques.

Illustrationmontrant une école, une université, un bureau
L’apprentissage tout au long de la vie commence à l’école et se poursuit au bureau. Illustration de Micke Tong.

L’acquisition de compétences est personnalisée et vue sous l’angle de l’accumulation de compétences (en poussant la métaphore du badge un peu plus loin, imaginez un scout accomplissant différentes tâches), ainsi les élèves de tous niveaux peuvent se préparer à des emplois spécifiques beaucoup plus rapidement qu’avec l’apprentissage traditionnel en classe. L’apprentissage par processus génératif et grâce à des systèmes d’intelligence artificielle peut également être utilisé pour orienter les élèves vers les compétences et les cours dont ils auront besoin pour évoluer et réussir, créant ainsi un programme d’études en constante amélioration et un parcours d’apprentissage à vie.

Ces nouvelles modalités d’apprentissage ont besoin d’un nouveau système de certification souple, afin que les écoles, les universités et les autres intervenants disposent de références et critères communs avec les employeurs, pour que ces derniers puissent attribuer aux bons collaborateurs les bons emplois. Au rythme actuel, un étudiant pourrait passer toute sa vie dans les amphis à attendre que les programmes d’études rattrapent les évolutions du monde réel.

Dans cette optique, Autodesk Certification a récemment lancé une plate-forme d’apprentissage tout-en-un qui propose des certifications en adéquation avec l’industrie. Les professionnels chevronnés ou juniors peuvent les obtenir pour non seulement se tenir à jour avec les évolutions technologiques, mais aussi anticiper sur ce qu’ils doivent apprendre par la suite. En plus de valider les outils et les compétences nécessaires à leurs fonctions actuelles, les certifications aident les professionnels à progresser dans leur pratique des technologies utilisées dans leur travail, comme une feuille de route des compétences à acquérir plus tard.

L’apprentissage professionnel sous les projecteurs

La formation professionnelle ciblée représente une immense opportunité pour les centres d’enseignement et les établissements professionnels, ainsi que pour les centres de formation des collaborateurs, comme le partenaire de certification Autodesk Humanmade. Aux Etats-Unis, l’administration Obama avait réalisé d’importants investissements dans ce secteur sous-investit qu’est le système éducatif, diffusant le message important selon lequel les diplômes en quatre ans ne sont pas les seules voies de réussite.

Dans ce pays, les « community colleges » offrent déjà des formations professionnelles de qualité. Ils servent de point de départ pour enseigner la nouvelle génération de technologies. L’évolution de l’économie souligne cette valeur, et ces écoles vont enfin pouvoir être reconnues pour ce qu’elles peuvent devenir aux États-Unis : de véritables centres d’apprentissage tout au long de la vie. 

Malgré l’accent mis sur les compétences techniques et la technologie, l’évolution vers ce type d’apprentissage ne signifie pas l’abandon de celui des sciences humaines. Au contraire, comme certains le soulignent, une éducation ensciences humaines permet de développer des compétences en résolution de problèmes, et une pensée critique. Et l’émergence de systèmes complexes et interdépendants nécessiternt cette réflexion plus systémique. Le passage de produits physiques lourds et volumineux à un monde d’abonnements, de services basés sur le cloud, et d’évolution constante exige un haut niveau de compétences en matière de résolution de problèmes.

Un changement si profond ne sera pas simple. Mais l’industrie et le monde universitaire peuvent commencer à établir de nouveaux cadres et partenariats afin d’orienter les collaborateurs vers l’apprentissage en continu, tout au long de leur vie. Des entreprises telles que Lumina Foundation ont déjà proposé des modèles potentiels de systèmes d’apprentissage tout au long de la vie, et l’effort doit se poursuivre. Les centres de formation et les universités seront toujours des lieux d’apprentissage de compétences supérieures et de rencontre de nouveaux collègues. À l’avenir, avec les bons systèmes en place, ces compétences formeront un pont vers l’apprentissage continu.

Aujourd’hui, le choix d’un domaine d’études ou d’un diplôme est beaucoup moins important que la détermination à trouver des moyens d’élargir sa réflexion et de s’améliorer en permanence. Les professionnels de demain doivent être suffisamment agiles pour résoudre un ensemble de problèmes sans cesse nouveaux, qui, comme l’a montré l’année 2020, ne peuvent pas toujours être anticipés.

Cet article a été mis à jour. La publication originale : août 2017.

À propos de l'auteur

Randy Swearer a été provost (équivalent d'un vice président) à l'université de Philadelphie. Il a également été directeur adjoint du programme de design à la National Endowment for the Arts et chef du département de design de l'école des beaux-arts de l'université du Texas, où il a remporté le prix d'excellence en enseignement. Formé à la technologie, il a été superviseur et concepteur principal chez Wang Laboratories et spécialiste principal des communications chez IBM. Il donne régulièrement des conférences dans les domaines du design, de l'urbanisme et des questions d'identité communautaire. Il a fait partie de jurys de concours nationaux pour le U.S. National Building Museum, la Harvard Graduate School of Design, l'université de Yale et l'American Institute of Architects. Randy Swearer est titulaire d'un doctorat en anthropologie et en urbanisme de l'Union Institute, d'un Master of Fine Arts en design de l'université de Yale et d'un Bachelor of Arts de l'université de Wesleyan.

Profile Photo of Randy Swearer - FR